lundi 6 juin 2016

Un dernier livre avant la fin du monde

http://www.undernierlivre.net/vostok-laurent-kloetzer/

Il y a des endroits dont la simple évocation suffit à faire courir l’imagination. L’Antarctique a cet effet-là sur moi, et Vostok encore plus. Imagine, lectrice, lecteur, cet immense lac enfoui à près de 4km sous la glace, isolé du reste du monde depuis des millions d’années. Imagine ce que l’on peut y trouver, ce que l’on peut apprendre. Ce que l’on peut détruire. Laurent Kloetzer arrive à nous immerger dans cette aventure avec une facilité folle. Léonora, sa jeune héroïne, est une jeune fille forte, brillante et courageuse qui prend une dimension incroyable au fil des pages, double moderne de Veronika Lipenkova dont elle arrive à comprendre les espoirs et les stratégies des années plus tard. Le Vostok de Kloetzer est saisissant, enfermant, pénétrant. On sent le souffle mortel de ce vent antarctique qui peut descendre les températures à -70°C, on voit la folie se dessiner dans le regard des membres de l’expédition, tremblant de la forme qu’elle pourrait prendre. On vit avec eux, avec Léo, cette expédition insensée et pourtant indispensable qui, voulant changer le monde, se frotte à des souvenirs encore bien vivants beaucoup trop grands pour elle, beaucoup trop insaisissables. La mythologie des expéditions scientifiques polaires, de la potentielle découverte de quelque chose de nouveau dans cette masse de savoirs trop vite oubliés mais déjà obsolètes font de Vostok (le livre) une fable et de Vostok (la base) presque une utopie. Jusqu’au bout Kloetzer nous tient, on ne veut surtout pas partir. Rester là-bas, dans ce froid, dans cette immensité de blanc rempli des milliards de fantasmes qu’on y a tissés.
Vostok a la force, la présence et la magie des grands romans, des folles aventures qui forgent une imagination et des obsessions.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire