mercredi 23 mars 2016

La chronique de Charybde 2

https://charybde2.wordpress.com/

Publié en ce mois de mars 2016 chez Denoël Lunes d’Encre, « Vostok » devrait marquer les lectrices et les lecteurs, peut-être davantage encore que son puissant prédécesseur. Pour construire ce passionnant scénario d’une bien improbable épiphanie potentiellement salvatrice (même si, déjà, on la devine d’une lenteur toute glaciaire), exact opposé du satori mimétique mortel à l’œuvre dans « Anamnèse de Lady Star », Laurent Kloetzer a usé d’un certain nombre de ruses diaboliques pour mieux déjouer d’emblée la pente naturelle de nos attentes : utiliser comme chevilles ouvrières non pas les techno-businessmen feutrés de « CLEER » ou les scientifiques « apple-isés » au service du design de la consommation qui hantent aussi les interstices d’ « Anamnèse de Lady Star », mais le douteux alliage alchimique de gangsters chiliens issus des barrios les plus rudes, d’écolo-activistes de très haut de gamme qui évoquent le charme robuste et les certitudes des « Acquis » de Bruce Sterling (« The Caryatids », 2009), et d’héritiers pas si distants des pionniers soviétiques du carottage glaciaire et de la mécanique des grands froids, symbolisés tant par les puits de perçage de la station antarctique qui donne son titre au roman que par la Kharkovtchanka, monstrueuse machine sur chenilles conçue pour avaler les milliers de kilomètres de désert glacé.

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